Le fronton

Le 30 mars 1925, Monsieur le Proviseur Chaymol, du Lycée de La Rochelle, s’adresse à Monsieur le Maire par un courrier dont voici un extrait :
« …/… Au point de vue sportif, nos cours sont très défectueuses et nos élèves, nos internes surtout qui restent au Lycée pendant les longues récréations de 12 h 30 à 1 h 30 et de 4 à 5 h, ne jouent pas dans de bonnes conditions.
Cherchant à améliorer cette situation, M. Seugnet, notre dévoué professeur d’éducation physique, demande, depuis longtemps, un fronton pour le jeu de pelote basque. Actuellement, à défaut de fronton, nos élèves utilisent les murs des bâtiments entourant les cours. Cette pratique qu’il est impossible de ne pas tolérer, a pour résultat inévitable de salir les murs qui, dans l’intervalle de deux badigeonnages, sont maculés de multiples empreintes boueuses et présentent un aspect repoussant. L’impression produite sur les visiteurs et les Inspecteurs est nettement défavorable au Lycée.

Lycée-collège Fromentin: classe photographiée devant le fronton

Classe photographiée
devant le fronton

La construction d’un fronton, tout en mettant nos enfants dans des conditions sportives plus favorables, ferait disparaître cet inconvénient sérieux.
Le fronton pourrait être édifié en utilisant le mur de séparation des deux cours de façon à permettre le jeu sur les deux faces.
… Pour réaliser ce projet, la participation de l’Etat ne peut être envisagée, je ne puis même pas le demander en raison du refus systématique qu’il nous a opposé dans des affaires antérieures. Je compte donc uniquement sur la Ville et j’espère qu’en cette occasion elle ne sera pas moins généreuse que par le passé … »

Le 20 avril l’architecte de la Ville, M. Morguet, adresse à Monsieur le Maire de La Rochelle un devis s’élevant à la somme de 4 200 francs pour la construction d’un fronton placé entre les deux cours.

Dans sa séance du 28 avril, le Conseil Municipal examine le projet et le Conseiller qui a en charge les établissements scolaires déclare ce qui suit:
« …/… Il ne saurait être question, au Lycée, de pratiquer le véritable jeu de pelote basque tel qu’il passionne ses fervents des Pyrénées. Il exigerait un mur haut de 10 m et large de 18, crépi d’un enduit spécial, avec grillage pour arrêter les balles perdues et bandes métalliques le traversant à 1 m du sol, plus une piste longue de 65 à 70 m et large de 17, et un second mur bornant le jeu à l’arrière.
Dans ce jeu traditionnel, la pelote, faite de cordes très serrées recouvertes de peau de mouton, élastique au point de rebondir à une hauteur et à une distance énormes, est reçue et renvoyée à l’aide d’une sorte de main en osier avec gant de cuir épais, dans laquelle le joueur introduit sa propre main et qui est fortement attachée au poignet.
Mais, même pratiquée moins rigoureusement, la pelote basque est un sport d’une réelle valeur éducative. Il a cette supériorité sur quelques autres que, s’il fortifie les muscles du bras, il donne, en même temps, beaucoup de souplesse et d’agilité au corps tout entier.

Collège Fromentin : le fronton aujourd'hui disparu

Le fronton
aujourd’hui disparu

C’est un exercice tout de coup d’œil et de vitesse, qui développe chez le joueur à la fois toutes les ressources de vivacité, de résistance et d’adresse, et qui, loin de le pousser à la brutalité, l’habitue, au contraire, à mesurer son geste et à équilibrer harmonieusement son effort. Il convient donc d’encourager ce jeu chez nos lycéens, et d’autant mieux qu’il a le grand avantage de pouvoir se pratiquer dans les cours mêmes de l’Etablissement et, par conséquent, à toutes les récréations ».

Le Conseil municipal décide finalement l’exécution des travaux qui seront confiés à l’entrepreneur adjudicataire des travaux d’entretien et adopte le devis présenté.

A la rentrée d’octobre 1925, les élèves ont eu l’heureuse surprise de constater que le mur qui séparait la cour des Grands de la cour des Moyens avait été transformé en fronton, lequel a disparu sous les coups d’un engin de terrassement au cours de l’été 2008 !

  • Voir aussi l’article du journal Sud-Ouest du 24 octobre 2002:
Le fronton du Lycée-collège Fromentin : article de Sud-Ouest du 25/10/2002

Le fronton du Lycée-collège Fromentin : article de Sud-Ouest du 25/10/2002