Anciens élèves de Fromentin

Marcelle Ratier, élève à Fromentin de 1941 à 1943, professeur de 1963 à 1991

Mémoires d’une lycéenne pendant la guerre

Après une école primaire à La Tremblade, Marcelle Ratier arrive à l’École Valin de La Rochelle en 1940 où elle passe son Certificat d’Études.

Les allemands ayant occupé le Collège de jeunes filles J. Dautet dès 1940, les élèves déménagent sur Fromentin, et c’est là qu’elle entre en 6e à la rentrée 1941. Les bâtiments sont alors partagés en deux, l’aile droite étant consacrée au collège. Les dortoirs sont transformés en 3 salles de classe séparées par des cloisons à mi-hauteur.

Fille de gendarme, elle ne pouvait pas avoir de bourse, mais sa mère avait pu, par dérogation, trouver un travail dans le magasin « La goutte de lait » qui préparait les biberons pour toute l’agglomération.

A Fromentin, il n’y a pas à l’époque de cantine et les élèves sont externes. De cette époque, elle se souvient très bien des lettres qu’il fallait écrire au Maréchal Pétain, et des distributions de biscuits vitaminés que les filles jetaient par la fenêtre aux garçons qui allaient en récréation dans la cour de la chapelle. La cour des tilleuls était quant à elle le domaine des filles.

Ce ne sera que de courte durée car la milice fait du lycée son quartier général et le 23 avril 1943 le lycée est fermé. L’école normale de filles, aussi occupée par les allemands, avait déménagé à Marans.

Les élèves se retrouvent alors par petits groupes de 7 ou 8 pour suivre les cours au domicile des professeurs. À cette période, Pierre Ratier, son futur mari, se retrouve pensionnaire à Rochefort en même temps que Michel Crépeau. D’abord évacuée chez ses grands-parents maternels dans le Béarn pour terminer l’année scolaire, elle remonte ensuite à Poitiers où, élève au Lycée dont l’internat est très restreint, elle devient pensionnaire chez des religieuses.

Elle quitte Poitiers la veille du bombardement par les alliés le 12 juin 1944, revient à La Rochelle pour l’été. Pour l’anecdote, elle n’avait pas pu renouveler sa carte d’alimentation qui lui avait été adressée par la poste à Poitiers. Son père, gendarme, est alors parti à vélo pour aller la chercher pendant le week-end ! De retour à Poitiers (libérée) à la rentrée, elle passe alors l’année scolaire au Lycée de Poitiers, n’ayant plus le droit de rester à La Rochelle, le siège ayant commencé.

En 1945, dès la Libération, retour à La Rochelle où Dautet et Fromentin sont rouverts, et la vie reprend peu à peu. En terminale, elle côtoie Josette Cousin, épouse de notre administrateur et ancien Président ; bac philo en 49, licence d’allemand à Poitiers, un an à Ochsenhausen en Allemagne (1953) comme assistante de français, puis à St Maixent pour un remplacement.

Après le CAPES en 1963, Mme Ratier devient professeur d’allemand à Fromentin jusqu’en 1991, date à laquelle elle prend sa retraite. Son mari, Pierre, professeur d’anglais et ancien secrétaire de notre amicale, nous a quittés en 2016 (voir le témoignage de Pierre Michelet dans notre bulletin 2016).